Episode Transcript
[00:00:13] Speaker A: Bonjour et bienvenue sur les ondes du podcast de PharmaPro parce que la pharmacie, c'est la vie. Ce podcast nous fait voyager aux quatre coins de la Suisse romande et découvrir dans chaque ville ou village que nous visitons ces lieux de vie que tout le monde connaît, les pharmacies. Aujourd'hui, c'est dans le canton de Vaud que nous sommes en visite dans le pittoresque village de Prangin, au bord du lac Léman. Monsieur Sébastien Mosset est le propriétaire de la pharmacie de Prangin, située en plein cœur du village. Bonjour Monsieur Mosset.
[00:00:42] Speaker B: Bonjour.
[00:00:44] Speaker A: Nous sommes aujourd'hui le 9 janvier et donc la période des fêtes vient tout juste de se terminer et en préparation de cet entretien, vous m'avez dit qu'elle avait été particulièrement intense. Est-ce que le mois de décembre est systématiquement une période chargée pour votre pharmacie ?
[00:01:00] Speaker B: Oui, clairement. Je crois que c'est le cas dans toutes les pharmacies. Novembre, décembre, il y a les virus hivernaux.
Il y a la fin d'année, les gens qui vont partir en vacances, qui veulent prendre leur réserve de médicaments. Enfin oui, c'est toujours très chargé.
[00:01:17] Speaker A: Et ça se calme dès que le mois de janvier arrive ?
[00:01:20] Speaker B: Ça dépend. Là, ça se calme moins que d'habitude parce qu'on a vraiment la grippe qui arrive et puis d'autres virus qui sont toujours là.
Mais on voit quand même une baisse en général.
[00:01:31] Speaker A: Une fois que les gens sont partis en vacances.
[00:01:33] Speaker B: Ça se calme, exactement.
[00:01:34] Speaker A: C'est intéressant. J'aimerais maintenant me pencher un peu sur votre parcours en fait. Vous êtes donc pharmacien responsable et propriétaire de cette jolie pharmacie villageoise. Racontez-nous un peu votre histoire. Est-ce que c'est une pharmacie familiale ? Est-ce que vous l'avez acquise par la suite ? Voilà, racontez-nous un petit peu tout ça.
[00:01:56] Speaker B: Alors moi déjà je suis pranginois donc j'ai habité et grandi dans ce village. J'ai fait toute mon enfance, mon école, la société de jeunesse.
Et puis il y avait déjà cette pharmacie qui était là mais avant mes études je ne me voyais pas.
autrement aller dans cette voie-là. Puis après, j'ai fait les études de pharmacie. Peut-être qu'on y reviendra après.
[00:02:23] Speaker A: — Ouais, volontiers.
[00:02:24] Speaker B: — Donc j'ai fait les études de pharmacie. J'ai fini. J'ai travaillé à différents endroits. Puis en 2000... Enfin j'avais déjà demandé au prédécesseur s'il avait une place pour moi.
Comme je suis dans la région, ça m'arrangeait de travailler ici, s'il avait une place de pharmacie adjoint. Puis il m'a chaque fois dit non. Enfin, il m'a dit non, mais il n'y a pas assez de travail pour deux. Donc voilà, mais j'étais toujours resté un peu en contact avec lui. Et en 2016, fin 2016, il m'a appelé et puis il m'a dit, écoute, voilà, j'arrive au bout. Est-ce que tu serais intéressé à reprendre la pharmacie ? Et puis j'ai dit oui.
Mais voilà, avant de réfléchir. Et puis je me suis dit oui, parce qu'il faut toujours dire oui à ce genre de choses.
[00:03:07] Speaker A: C'est une belle opportunité.
[00:03:09] Speaker B: C'était en même temps une belle opportunité. Après, je n'étais pas sûr, ce n'était pas dans mes projets de faire ça. Ce n'était pas quelque chose que j'avais l'ambition de faire absolument.
[00:03:19] Speaker A: Vous n'aviez pas en tête de devenir un pharmacien indépendant ?
[00:03:22] Speaker B: En tout cas, pas indépendant. Une gérance éventuellement, propriétaire ? Non. Mais voilà, l'opportunité s'est présentée. J'ai discuté avec quelqu'un qui est dans la fiduciaire, dans la transmission d'entreprises, pour me conseiller. Il m'a dit oui, il faut demander tous les papiers, etc.
Il a fait l'analyse de ce que mon prédécesseur m'avait donné. Il est revenu vers moi et il a dit, j'ai une mauvaise nouvelle pour toi, c'est intéressant.
Et puis ça l'était effectivement, et puis ben voilà, ça a pris deux ans le processus, et puis je l'ai reprise le 1er février 2019. Ça fait six ans maintenant.
[00:04:04] Speaker A: Super, vous allez fêter votre anniversaire.
[00:04:08] Speaker B: C'est peut-être la relation qu'on avait avant qui a fait qu'il m'a appelé, moi. Donc il m'a vraiment appelé, il avait vraiment cette envie de transmission. Mais c'est clair, moi je ne lui avais pas dit avant en tout cas, écoute, ta pharmacie, j'aimerais bien la reprendre. Mais voilà, c'est des opportunités comme ça.
[00:04:23] Speaker A: Mais il savait qu'il y avait un jeune aprangin, un pranginois, qui était pharmacien et qui potentiellement pouvait...
[00:04:30] Speaker B: En fait, c'est assez marrant parce que dans le village, le hasard a fait que quand on était aux études, historiquement, il y a eu trois Pranginois qui se suivaient. Enfin, il y a deux pharmaciennes qui ont fait des études, qui sont de Prangin, qu'on se connaissait quand on était à l'école, qui ont fait des études avant moi. Puis moi, j'étais le troisième. Elles ont toutes pris des voies différentes. Et puis, Élise a connu les trois du reste.
Mais voilà, il n'y a plus que moi qui restais.
[00:04:55] Speaker A: La pharmacie de Prangin vous a inspirée ? Tous les trois à faire ces études ?
[00:05:01] Speaker B: Alors non, moi personnellement pas. Comme j'ai dit, quand j'étais jeune, je voyais cette pharmacie, pour moi c'était la pharmacie, il y a la boulangerie, puis voilà. C'était pas du tout un rêve. En fait, je me dirigeais plutôt vers des métiers, alors métiers certes scientifiques, je me voyais bien faire Alors plutôt dans l'astronomie ou la physique, parce que c'était une matière que j'aimais bien. Mais après je me suis vite aperçu qu'il fallait un certain, on va dire, niveau, enfin au-delà de ce que je pouvais produire, au niveau mathématique notamment, où j'étais pas, voilà. Mais par contre j'aimais aussi bien la chimie. Et puis je m'orientais plutôt vers la chimie, ce genre de métier, mais pas du tout la pharmacie de nouveau. Plutôt ingénieur, en génie chimique ou des choses comme ça. Et puis j'ai fait un stage, pour aller à l'école d'ingénieur, j'ai fait un stage à la pharmacie du Chuv. Puis c'est là que j'ai découvert que les pharmaciens, c'était pas que des gens qui vendaient des boîtes de pilules.
En l'occurrence j'étais au laboratoire de contrôle de qualité. C'était un vrai laboratoire, c'était une pharmacienne qui le dirigeait. J'ai vu le HPLC, le titrage, toutes ces choses qu'on voit dans les laboratoires, ça m'a super intéressé.
La profession que je voulais faire, ingénieur en génie chimique après l'école d'ingénieur à Genève, ils l'ont arrêté. Finalement, il n'y avait plus de débouchés, tout était saturé. Puis je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire ? Je me suis dit, en fait, pharmacien, ça peut être intéressant. En plus, il y a le médicament, en plus, il y a le côté quand même...
le côté philanthropique, enfin, pas philanthropique, mais...
[00:06:35] Speaker A: Contact avec les gens.
[00:06:37] Speaker B: Voilà, aide, enfin, d'avoir un métier utile à la société, d'aider les gens, etc. Donc ça, ça me correspondait assez, puis je me suis dit qu'en plus c'est de la chimie, ben allons-y.
Et puis mon objectif, c'était de faire pharmacien hospitalier.
[00:06:54] Speaker A: D'accord, parce que vous aviez fait cette expérience.
[00:06:55] Speaker B: Exactement, puis j'avais vu, puis je voyais, il y avait la fabrication, il y avait plein d'aspects différents qui m'intéressaient, puis je me suis lancé dans les études dans cette optique-là. En cours d'études, en 5e année, il y a la 5e année de stage, on va faire un stage en officine, Et puis, là, j'ai vraiment découvert, redécouvert, on va dire, la pharmacie d'officine. Et puis, le fait d'être... Là, c'est un peu chambouler tous mes plans. Je me suis dit, en fait, faire des séjournées, discuter avec les gens, voir des choses. Il se passe tous les jours quelque chose de différent. On est vraiment... En plus, dans la vie du village, on n'est pas enfermé dans un bureau ou un laboratoire. Ça m'a complètement switché. Puis, tout à la fin, j'ai dit, ouais, non, en fait, je ne vais pas aller m'enfermer dans un labo, je vais faire de l'officine.
Donc c'était pas du tout prévu à la base, mais c'est une succession d'expériences et de découvertes qui ont fait que je me suis retrouvé là.
[00:07:51] Speaker A: C'est une très jolie histoire, parce qu'on part du petit garçon qui voulait être astronome, qui ensuite voulait être ingénieur, et qui finalement, vous êtes quand même resté dans le côté scientifique, qui était je pense quelque chose d'important dès le départ, en ajoutant le côté aide à la population.
[00:08:09] Speaker B: Oui, et communautaire, social aussi.
Génial.
[00:08:12] Speaker A: Et dans un village qui vous a vu grandir, dans lequel vous connaissez beaucoup de monde, etc. Donc au final, j'ai l'impression que les fils se sont bien...
[00:08:22] Speaker B: Non, tout à fait. C'est urgent. C'est une succession de découvertes, d'opportunités, puis de hasards. Et puis des fois, souvent on dit, quand l'être impasse, il faut le prendre, parce que sinon il ne repassera pas deux fois.
Puis c'est un peu ce qui s'est passé entre mon prédécesseur qui m'appelle, je lui dis oui, ou justement toutes ces opportunités. Et puis ici, ça donnait comme résultat ce qui arrivait ici. Mais ce n'était pas du tout à la base un projet depuis toujours d'avoir cette pharmacie et puis de dire un jour je l'aurai.
[00:08:57] Speaker A: Absolument pas.
Mais vous avez su prendre les opportunités qui se présentaient et les laisser guider sur le chemin de la vie.
[00:09:06] Speaker B: Après, je pense qu'il faut quand même analyser les choses, faire les choses calmement.
Pour tout dire, quand il m'a proposé de reprendre cette affaire, j'avais eu d'autres propositions.
Puis c'est vrai qu'au tout début j'en avais en fait deux, même une troisième mais qui n'était pas sérieuse on va dire. J'avais vraiment deux propositions dont une reprendre une gérance pour une chaîne. Et puis c'est vrai qu'initialement avant de faire les analyses je m'étais dit ouais… C'est une petite pharmacie, indépendance, c'est difficile. La gérance a l'air plus sûre, je pense que c'est ça qui va l'emporter. Et puis, suite à l'analyse, on m'a dit non, non, mais écoute, ça vaut vraiment la peine. J'ai changé d'avis et puis c'est une opportunité que je ne regrette absolument pas d'avoir prise.
[00:09:52] Speaker A: Super, excellent.
Et est-ce qu'aujourd'hui, donc après tout ce cheminement, en fait vous vous êtes dirigé vers la pharmacie d'officine finalement pour les aspects scientifiques associés à cet aspect humain, est-ce que c'est toujours ça, le matin, quand vous vous levez le matin, ce qui vous motive à aller au travail, c'est cette conjonction en fait d'aspects scientifiques, d'aspects humains, où il y a d'autres choses qui sont venues se rajouter, peut-être je sais pas, la gestion d'entreprise ?
[00:10:20] Speaker B: Non, oui, alors absolument. Disons qu'effectivement, quand on passe après du côté propriétaire, il y a cet aspect gestion d'entreprise. L'aspect gestion, c'est aussi quelque chose qui m'intéressait, alors pas pour être entrepreneur ou comme ça, mais de savoir comment fonctionnent les rouages d'un commerce. Toutes ces choses-là, c'est les choses qui m'intéressent et puis que j'ai aussi appris au fur et à mesure et puis que j'aime bien. Mais c'est vrai que...
On va retrouver des gens, on va revoir nos patients, les gens qu'on connaît.
Je suis du village, donc tous les jours, je vais voir quelqu'un que je connais, puis on va discuter d'autres choses. Ça, c'est aussi intéressant.
Après l'aspect scientifique, c'est devenu le travail, c'est un peu plus mécanique. Donc je dirais le fait de s'intéresser, alors oui on est obligé, on a la formation continue, on fait encore des préparations en laboratoire ou des choses comme ça, mais c'est vrai qu'on rajoute toutes ces couches, celle-ci elle est peut-être, par la force des choses, elle s'est réduite un petit peu, même si ça fait toujours partie de...
du métier. Mais oui, après, la motivation principale, si je dois répondre à cette question, c'est quand on est propriétaire, c'est son affaire et puis c'est son truc. Et puis, quand on rentre de vacances, moi je me souviens quand je travaillais dans d'autres pharmacies, ça me plaisait, mais quand on rentre le lundi matin, on est là, bon, on va nouveau travailler pour le patron. Quand c'est nous, on n'a pas l'impression qu'on qu'on va au travail, enfin on est chez nous, enfin voilà, ça continue et puis ouais, ça c'est vraiment agréable.
[00:11:58] Speaker A: Ça fait plaisir de vous entendre parler comme ça aussi positivement. Vous l'avez mentionné, on entend souvent que c'est difficile de devenir pharmacien indépendant. Votre parcours semble démontrer le contraire, vous avez franchi le pas et vous en êtes content et tout ça. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire finalement aux pharmaciennes et pharmaciens qui sont en formation actuellement ? À qui peut-être on dit aussi que c'est difficile d'être pharmacien indépendant. Qu'est-ce que vous auriez envie de dire ? Qu'est-ce que vous auriez envie de mettre en place pour encourager la relève ?
[00:12:30] Speaker B: C'est vrai que c'est un discours, bon après je pense que c'est général, c'est dans l'air du temps, c'est dans chaque profession, enfin chaque secteur, on entend « ah ça devient difficile, ça devient de plus en plus compliqué ». Je pense que ça a toujours été compliqué, il y a toujours eu des défis, la pharmacie a aussi ses propres défis, ça c'est clair, mais de là à dire, enfin du discours que moi c'est vrai que j'ai entendu pendant longtemps, que voilà ça devenait impossible et tout en fait, Non, il y a vraiment des choses à faire. Si on est motivé, intéressé, il y a des opportunités, il y a des pharmaciens qui veulent remettre leurs officines. Et puis si on est bien renseigné, pragmatique, je veux dire, il ne faut pas non plus vouloir faire à tout prix puis prendre quelque chose qui ne marche pas ou un endroit où ça ne peut pas marcher. Il faut vraiment bien se préparer. Mais il y a vraiment la possibilité de le faire et des opportunités.
Et si on veut se lancer, il faut vraiment les chercher et ça vaut la peine. Je pense que ce discours s'est un peu passé quand même. Je pense qu'il faut plutôt avoir cette option positive.
Mais sinon, comme conseil, j'irais vraiment bien s'entourer et bien se renseigner. Mais il y a vraiment de quoi faire.
[00:13:43] Speaker A: Est-ce que peut-être en rajoutant pendant le cursus universitaire des modules plus sur la gestion d'entreprise, qui soient par exemple facultatifs, peut-être ça pourrait enlever certaines barrières que peuvent avoir des pharmaciennes ou des pharmaciens à se lancer ?
[00:14:00] Speaker B: — Tout à fait. Alors bon, il y a déjà... Il faut savoir, dans la formation de l'EFPH, il y a plusieurs modules. Et puis il y en a un qui concerne la gestion d'entreprise. Et puis il y a des cours à ce sujet qui sont plus poussés. Mais c'est vrai que dans le cursus universitaire, il n'y en a pas. Alors après, quand on fait l'université, après, on va partir dans l'industrie.
dans la recherche ou dans d'autres domaines. Ce n'est pas uniquement pour l'officine. D'ailleurs, maintenant, je crois que c'est même une minorité. Je n'ai pas les chiffres, mais je crois que c'est une minorité d'étudiants qui va en officine. Après, ce serait quand on part sur FPH. Là, ça se développe plus. Et puis là, il y a vraiment... Parce que si on fait le FPH, c'est pour être gérant ou propriétaire. Et puis là, du coup, ici, ces matières sont saignées. Mais pour faire le déclic, effectivement, à l'université, je pense qu'on pourrait insister un peu plus sur cet aspect-là et pousser un peu plus.
[00:14:49] Speaker A: Est-ce que le fait de faire partie d'un groupement vous aide en tant qu'indépendant ?
[00:14:57] Speaker B: Pour les pharmacies, c'est impossible sans faire partie d'un groupement, d'un groupement d'achat. Donc ici, je fais partie de Salveo. Mon prédécesseur faisait partie de Salveo, je ne connaissais pas autrement. Quand j'ai repris, j'ai repris la structure qu'il avait, donc je me suis mis dans le groupement. Puis je me suis dit, je reprends. Lui, ça marchait comme ça, donc je continue comme ça. Et puis j'ai découvert vraiment une...
Une équipe c'est tout des indépendants et puis vraiment une équipe soudée et puis un peu, comment dire, une famille. Et puis voilà, on a fait connaissance puis au fil des années en allant aux assemblées, etc. On noue des liens et puis c'est vraiment...
On peut s'entraider, on peut avoir des conseils. Si on a des papas ou des choses comme ça, c'est des gens qu'on peut appeler. C'est vraiment comme une famille. Je pense que c'est super utile quand on se lance. Pour moi, ça m'a beaucoup aidé. C'est vraiment indispensable en dehors des conditions d'achat.
Voilà, ce genre de choses. Mais le côté humain et soutien, c'est vraiment bien. Donc oui, il faut.
[00:16:01] Speaker A: C'est un vrai soutien.
[00:16:02] Speaker B: C'est obligatoire, oui.
[00:16:03] Speaker A: Oui, excellent. Et donc, vous en avez parlé. Donc, vous avez grandi à Prangin. Cette pharmacie, bon, elle existe depuis que vous êtes enfant, en tout cas. Donc, c'est une pharmacie villageoise. La clientèle, la patientèle est fidèle, j'imagine, c'est un peu principalement des habitants du village.
[00:16:25] Speaker B: Oui, 90% pratiquement. On a quelques personnes qui viennent d'Ognon, des alentours, mais je pense 85% c'est vraiment le village.
[00:16:37] Speaker A: Quand on vient dans la pharmacie, on voit que vous êtes situé au cœur du village, à côté du bâtiment communal, il y a un petit room, une épicerie, une auberge, un restaurant...
Est-ce qu'il y a une certaine entraide entre les commerçants aussi, à ce côté-là, du fait de ce petit village ?
[00:17:00] Speaker B: Oui, tout à fait. Ici, sur la place, avec les commerçants, il y a vraiment une alchimie.
On se connaît tous, on s'aide. Il y a des manifestations à côté. Il y a le Noël des enfants, une fois on avait fait le brunch des commerçants. Et puis oui, il y a vraiment une ambiance vraiment communautaire. Et puis on voit les gens, ils arrivent sur la place, ils vont à l'épicerie. Moi, je les vois sortir. Après, ils vont à la boulangerie. Après, ils viennent ici. Puis voilà, on se dit, ah, t'as vu Mme Intel et tout. Non, ça fait deux jours que je n'ai pas vu. Ouais, on s'inquiète un peu parce qu'elle avait fait une chute. Puis après, il vient nous dire, ah non, c'est bon, elle est venue. Elle a bien café chez moi. Enfin, il y a vraiment... Ouais, c'est une bonne équipe et tout. On s'entend vraiment bien. Puis je pense que ça doit se ressentir dans la population parce que...
Le tirumi ne les amplie pas, nous ça marche bien, la boulangerie fonctionne bien aussi, l'épicerie aussi. Puis les gens, voilà, ils nous connaissent tous.
[00:17:54] Speaker A: Il y a une vraie ville-village.
[00:17:55] Speaker B: Oui, ils apprécient ça.
[00:17:58] Speaker A: Excellent. Donc je suis allée sur votre site internet et j'ai vu que vous décrivez votre pharmacie comme une pharmacie moderne, une équipe dynamique avec comme mot d'ordre proximité et conseils. Donc c'est en ligne directe de ce qu'on vient de dire tout à l'heure, mais peut-être que vous avez envie d'apprécier un petit peu ce que ça veut dire.
[00:18:15] Speaker B: Alors bon, moderne, c'est parce que comme dans toutes les pharmacies maintenant, on essaye de développer tout l'aspect prestation. Enfin, ce n'est pas qu'on essaye, c'est qu'on l'a développé et on continue à le développer. On se forme sur différents tests, les consultations pour remettre les médicaments sans ordonnance.
Enfin, voilà, on fait de la vaccination. On a bien, bien développé. On en fait un nombre assez conséquent.
depuis plusieurs années maintenant, et puis voilà, on oeuvre vraiment toutes ces prestations à la population. Et puis, proximité, conseils, comme on a dit, c'est parce qu'on est villageois, proximité aussi, on n'hésite pas à se déplacer, donc voilà, des fois on a des gens, des personnes âgées qui sont vraiment au village, dans le quartier ou comme ça, et puis quand il y a des pépins, Quand ça ne va vraiment pas, ben voilà, on se déplace, on va voir chez eux. Le problème qu'il y avait avec le semainier ou bien la pièce du nébulisateur qui a glissé sous la...
Enfin voilà, on va vraiment loin dans le service. Je pense que beaucoup de pharmacies le font dans les villages et dans les quartiers. C'est quelque chose de normal.
[00:19:23] Speaker A: Oui, il y a une vraie relation avec les patients. Et qu'est-ce que vous diriez, quelles sont actuellement vos priorités et vos défis dans la gestion quotidienne de votre pharmacie ?
[00:19:37] Speaker B: Là, actuellement, je pense à un peu toutes les pharmacies. C'est la gestion du personnel parce qu'on est une petite équipe.
Il y a huit employés plus un livreur qui vient une heure par jour faire les livraisons.
Mais voilà, quand on est huit, c'est avec plusieurs personnes à temps partiel, on a, à part une personne, tous des enfants jeunes, donc on doit adapter les horaires, et puis ben, enfin, voilà, c'est vraiment la partie compliquée. Si tout d'un coup, un jour, on est prévu, c'est prévu qu'on soit quatre, il y a une personne en vacances, l'autre, ben, elle a les enfants, ben elle n'a pas du hab', parce qu'elle reste à la maison pour les garder, et puis qu'il y a une personne qui est malade, on se retrouve à deux.
Puis que ça tombe au mois de décembre, ça fait tout de suite des journées très compliquées. Puis on ne peut pas non plus, la pharmacie n'est pas extensible non plus, les possibilités d'engagement non plus, c'est ça je dirais le principal défi.
[00:20:32] Speaker A: Ouais c'est pas un métier dans lequel on pourrait appeler quelqu'un d'externe à l'équipe en fait pour venir faire un remplacement à la minute, c'est un peu compliqué.
[00:20:44] Speaker B: Ben disons que pour les indépendants c'est un peu plus compliqué, après chacun a son réseau. Je sais qu'il y a des gens qui ont des, enfin voilà, ils ont des personnes qu'ils connaissent, qu'ils ont rencontré dans leur carrière, ils savent que c'est un coup dur, ils peuvent appeler, puis la personne peut se déplacer. Je sais aussi que dans les chaînes, alors je sais pas exactement, Voilà, les modalités, mais ils ont aussi ça, ils ont aussi un service de piquet, des gens qu'ils ont loués dans les différentes pharmacies pour faire le remplacement. Mais oui, on reparlait là des conseils pour les indépendants, je pense qu'avoir un réseau quand même pour se faire dépanner en cas de codure, c'est important.
[00:21:21] Speaker A: Ça pourrait être envisageable de collaborer avec une pharmacie à Nyon par exemple aussi, indépendante, sur ces défis de gestion du personnel ?
[00:21:31] Speaker B: Oui, il y a des pharmacies, des personnes qui travaillent dans des pharmacies, qui font les deux. Après, je dirais, il y a quand même un côté un peu délicat de proximité. Et puis, ce n'est pas qu'on est en concurrence, mais des fois, si on voit des gens qui ont travaillé Je sais pas, on va le mardi dans une pharmacie à Nyon, et puis le mercredi on va à la même personne qui nous sert dans une autre pharmacie.
On va se poser un peu des questions. Puis voilà, il y a peut-être des gens pour des raisons x ou y qui veulent prendre un médicament dans une pharmacie. Et puis l'autre, ben, ils ne veulent pas qu'on sache qu'ils vont acheter des choses, des dentifrices moins chères. Ailleurs, donc ça peut être un peu gênant. Donc ouais, je ne suis pas sûr que ce soit forcément quelque chose d'idéal. Mais c'est mon avis.
[00:22:15] Speaker A: Ouais. Non, puis probablement même au niveau administratif.
[00:22:18] Speaker B: C'Est un peu compliqué.
[00:22:19] Speaker A: Oui.
Bon, on est début janvier, donc je me permets de poser la question. Est-ce que vous avez pris une bonne résolution pour 2025 ? De ne.
[00:22:28] Speaker B: Pas prendre de résolution.
[00:22:29] Speaker A: Voilà, ça c'est une réponse. Très bien. Et donc sans cette bonne résolution, quels sont les enjeux que vous voyez pour les prochains mois ?
[00:22:42] Speaker B: Vous entendez pour la pharmacie, cette pharmacie-là ou en général ?
[00:22:47] Speaker A: Les deux en fait, là où vous voyez des enjeux.
[00:22:50] Speaker B: Bon, je dois dire, on a eu une période, en tout cas au niveau de la pharmacie en général, des périodes un peu compliquées avec les changements de marge sur le prix des médicaments. Enfin, il y a eu plein de négociations, il y a eu plein de choses. Et puis là, j'avais l'impression que cette fin d'année 2024, Relativement calmé. Il y a eu moins de discours alarmistes ou comme ça. Mais oui, après, c'est un monde qui change tout le temps. Enfin, il y a tout qui évolue. Et puis, c'est clair que si on bouge, si on n'avance pas, en fait, on recule. Donc voilà, comme je disais, nous, on développe les prestations, on continue à le faire.
On va continuer à former l'équipe sur ces nouvelles prestations. Je pense que c'est ça le principal défi qu'on aura cette année, nous, et puis la pharmacie en général. Et vous pensez à quelles prestations en particulier ? C'est des prestations qui sont développées de longue date dans d'autres pharmacies.
on doit développer les tests, tout l'aspect cardio-test et puis l'aspect test allergie, ça c'est des présentations qu'on n'a pas encore, enfin les allergotests, donc c'est l'objectif pour cette année. Mais je sais qu'on a un petit peu de retard sur ce coup, donc c'est pour ça qu'on va le rattraper.
[00:24:14] Speaker A: C'est l'objectif, c'est la bonne résolution.
[00:24:16] Speaker B: On peut le dire comme ça.
[00:24:20] Speaker A: Vous m'avez dit être en train de changer de système informatique. J'imagine que tout ce qui est un peu informatique, c'est un défi aussi pour toute entreprise, mais notamment pour les pharmacies. Est-ce que vous avez un système qui vous permet de gérer tout, c'est-à-dire les commandes de médicaments, la comptabilité, etc. ? Ou bien vous avez différents systèmes ? Comment ça fonctionne ?
[00:24:43] Speaker B: Non, alors nous, on a toujours travaillé, enfin en général, c'est un seul système qui fait tout, il y a tout qui est lié. Les médicaments, surtout sur les factures, les fichiers de paiement de la banque permettent d'acquitter les factures, donc ça doit tout être dans le même système. Et puis le système actuel, effectivement, qu'on vient de changer il y a deux mois, il gère tout ça.
[00:25:08] Speaker A: Ok, super. Donc ça, ça a été pour le coup un succès de 2024, on va dire.
[00:25:12] Speaker B: Oui, je dirais qu'on ne va pas encore sabrer le champagne parce qu'on est encore dans le changement. Mais oui, après on est obligé, enfin c'est obligé que ça suive justement. Il y a des fonctionnalités qui vont arriver, les ordonnances électroniques, le dossier patient informatisé, puis la solution logicielle qu'on avait avant.
l'implémentation de ces produits, puis en plus la nouvelle loi sur la protection des données n'était pas garantie, et puis on n'était pas sûr que ce soit possible de manière raisonnable. Et puis le nouveau logiciel, c'est déjà intégré, en tout cas la manière dont ce sera intégré, quand ce sera vraiment effectif, sera plus pratique et plus moderne juste au bout du jour. Donc on a été un peu obligés de changer.
[00:25:59] Speaker A: C'est la pharmacie moderne. Il y a une notion d'apprentissage pour toute l'équipe.
[00:26:06] Speaker B: Oui. Justement, ce n'est pas facile parce qu'il y a une partie de l'équipe, ça fait 15 ans qu'ils ont travaillé avec le même système. Puis oui, changer du jour au lendemain, c'est compliqué, ce n'est pas la même logique. Mais on accompagne et jour après jour, on s'améliore. Maintenant, ça roule.
Oui, c'est clair que la première semaine, ce n'était pas la plus drôle.
[00:26:32] Speaker A: Excellent. Et j'ai vu sur votre site internet également, vous l'avez mentionné peut-être aussi brièvement tout à l'heure, que vous livrez des médicaments, donc ici sur Progen, mais aussi à Agnion, Glan et Duyer. Donc est-ce que ça, enfin comment ça fonctionne ? Les patients ils peuvent ? passer comment sur internet ou c'est par téléphone, c'est aussi géré dans ce même système ?
[00:26:54] Speaker B: Oui. Alors, on a un service de livraison, comme toutes les pharmacies à la majorité. Donc on a un livreur qui vient exprès, justement dans les villages de la région, même plus loin pour, enfin voilà, s'il y a vraiment quelque chose de particulier, c'est possible. Et puis alors, il y a une grande partie de nos livraisons, il faut quand même reconnaître, c'est des personnes âgées à domicile et c'est le CMS.
qui s'occupe de ces personnes et qui commandent. Ça, c'est vraiment quelque chose qui s'est fortement développé ces dernières années, on le voit. Donc ça, c'est une grande partie des livraisons. Mais sinon, oui, il y a des gens, ils nous disent qu'on a des lèvres pour bébés, on a une jeune maman, elle a beaucoup d'activités à côté.
Ça demande beaucoup de travail de s'occuper de ça. Puis elle nous dit, si vous pouvez me livrer, ça me décharge de ça. Le livre, c'est 10 paquets toutes les deux semaines. On le fait très volontiers. Elle nous appelle aussi par e-mail. Après, les ordonnances, c'est un peu plus délicat parce que la loi sur la protection des données, normalement, ne nous autorise pas à délivrer par e-mail. Après, dans les faits, on reçoit je ne sais pas combien d'ordonnances par e-mail par jour. Sinon, ça ne fonctionnerait pas. Mais c'est vrai qu'il y a l'ordonnance électronique qui arrive pour essayer de supplanter ça, de sécuriser tout ça.
Mais pour revenir à la livraison, justement les patients qui nous envoient ces ordonnances, il faut qu'on les connaisse, il faut que ce soit des traitements, il faut qu'il y ait un entretien avec le pharmacien pour que ce soit possible de faire ça. Mais c'est vrai que c'est un domaine qui est assez délicat.
[00:28:36] Speaker A: C'est encore un peu une zone grise. Et vu qu'on parle de l'innovation un peu électronique, numérique, tout ça, je reviens à ma dernière question qui a trait à l'intelligence artificielle, qui aujourd'hui est dans toutes les bouches, tout le monde en parle.
L'intelligence artificielle est en train de se répandre petit à petit dans tous les secteurs. Est-ce que vous envoyez des applications aussi dans la pharmacie d'officine ? Chez vous particulièrement ou de manière générale ? Typiquement, je ne sais pas, pour ces histoires de livraison ou la facturation aux assurances ?
[00:29:17] Speaker B: Comme je vois, l'intelligence artificielle va remplacer les métiers. L'intelligence artificielle est meilleure que les médecins pour faire des diagnostics.
Mais je pense, en tout cas dans la pharmacie d'officine, elle ne va pas nous remplacer, mais ce sera plutôt un outil. Je pense qu'il y a des outils qui vont arriver prochainement, après il faudra voir comment ils sont implémentés, et puis aussi leurs coûts, tout simplement. Je pense que ce sera des aides au diagnostic ou à l'identification. Ça ne m'étonnerait pas qu'on ait, par exemple, on a des plaies, des lésions, des symptômes, on demande aux gens de tousser d'une certaine manière.
dans un micro par exemple, et puis elle peut nous aider à nous dire, voilà il y a 90% de chances que ce soit un problème bactérien, enfin voilà. Elles vont nous aider dans le triage, mais je ne pense pas qu'elles vont remplacer... Moi personnellement, je crois, il y a sûrement des personnes qui vont adhérer à ça, puis qui vont trouver ces services géniaux, mais je ne pense pas qu'il y aura une intelligence artificielle pharmacienne en ligne qui permettra de... on répond à des questions, on souffle deux fois et puis dans notre micro de son ordinateur, et puis elle nous envoie les médicaments exactement qu'on a besoin automatiquement. Ça, j'y crois pas trop parce qu'il manquera le côté humain de parler à un vrai humain. Et je pense que c'est aussi un conseil pour ceux qui veulent se lancer.
D'entretenir ce côté humain, ce côté communautaire social, pour des gens, c'est hyper important. Je pense que c'est ce qui fait la base du service en officine. Ce n'est pas juste d'avoir un médicament, d'avoir solutionné un problème, c'est aussi d'avoir eu un échange, d'avoir montré de l'empathie, quelqu'un qui comprend, puis ça a une IA. Je ne suis pas sûr qu'en ligne, on l'ait vraiment.
[00:31:10] Speaker A: J'ose espérer que l'IA ne remplacera jamais l'humain.
[00:31:12] Speaker B: Non, mais je pense. En tout cas, en pharmacie, moi, je ne pense pas.
[00:31:16] Speaker A: Parfait. Eh bien, je vous remercie beaucoup pour toutes ces réponses et explications très inspirantes.
[00:31:24] Speaker B: De rien. Merci à vous.
[00:31:25] Speaker A: Merci de nous avoir accueillis dans cette jolie petite pharmacie villageoise.
Et puis nous vous souhaitons bien sûr beaucoup de succès pour la suite de vos activités, avec tous les enjeux dont nous avons parlé.
[00:31:39] Speaker B: Merci beaucoup.
[00:31:41] Speaker A: À vous qui nous écoutez en podcast ou qui nous regardez sur YouTube, merci d'avoir suivi cette interview jusqu'au bout.
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Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode du podcast de PharmaPro, parce que la pharmacie, c'est la vie !